Comment la Maison des femmes fonctionne-t-elle ?
La Maison est ouverte tous les matins à partir de 9h30 et jusqu’à 17h. Elle reçoit des femmes (et quelques hommes) qui viennent à la recherche d’informations tous les jours, sauf le lundi après-midi (jour de formation) et le mardi après-midi (réunion hebdomadaire de toute l’équipe (Brazza et Paris). Françoise (la directrice de la Maison) reçoit aussi des femmes sur rendez-vous le jeudi après-midi et parfois le samedi.
Tous les autres jours, Jos (à gauche) et Clara (au milieu) reçoivent en grande majorité des femmes. Ils tiennent un cahier des visites, afin de pouvoir mesurer le type de publics, de demandes, et leur évolution au fil des mois.
Une majorité de femmes viennent se renseigner sur les formations proposées, quand d’autres cherchent des informations ou une aide financière directe pour elles-mêmes ou un(e) proche. Enfin quelques-unes passent juste pour discuter et être écoutées. Parfois, Jos ou Clara organise un rendez-vous particulier avec Françoise quand la situation de la visiteuse semble vraiment préoccupante. Sa solide expérience d’assistante sociale lui permet d’apprécier les besoins et d’apporter une aide précieuse.
Ce sont plus de dix femmes qui passent chaque jour à la Maison des femmes. Notre équipe ne cesse de nous alerter car ce flux de visiteuses ne cesse d’augmenter, avec, finalement, toujours la même demande : une solution pour s’en sortir.
Notre offre, – formation + suivi personnalisé + soutien financier pendant 6 mois -, est simple et répond parfaitement aux problèmes d’une population de femmes épuisées par leurs conditions de vie, et parfois même dans des conditions humanitaires catastrophiques (notamment celles qui viennent du Pool, une région considérée comme rebelle par le gouvernement et donc quotidiennement menacée. Mais elle demande des ressources humaines donc financières.
Pour le moment, il n’est pas envisageable de suivre plus de 15 femmes par session, soit 30 femmes par an. Bien trop peu et mais déjà difficile à mener à bien. C’est pourtant la demande de notre équipe qui propose – même en l’état – de dédoubler les formations. Les discussions sont en cours pour voir comment garantir une qualité de suivi et diversifier l’offre.

La rue à Brazzaville (2010)
Voici quelques exemples extraits des visites du Cahier des visites – dernière semaine d’octobre 2016. Les prénoms ont été changés.
- Aline est déjà passée plusieurs fois et connait les formules offertes par FAFA. Pour le moment, elle héberge une famille qui vient du Pool (là où ont lieu les affrontements entre l’armée et les ninjas). Elle souhaiterait vraiment que les femmes qu’elle héberge puissent démarrer une activité qui leur permettrait d’être libres financièrement.
Malheureusement notre structure ne peut pas les aider immédiatement. La prochaine formation devrait démarrer début février 2017. Elles sont inscrites sur la liste. - Catherine est sans activité et vit à Makana. Elle voudrait savoir comment faire pour suivre la formation et avoir le crédit. Elle voudrait vendre les divers produits comme les mangues.
Catherine est donc inscrite sur la longue liste des femmes attendant une formation. - Adeline a 24 ans. Elle possède un petit jardin à Kombe (sud de Brazzaville) mais n’a pas d’argent pour acheter des semences. Pour arriver à épargner la somme nécessaire, elle essaie de vendre des gâteaux sur le marché Total, mais c’est très difficile.
Adeline est une femme active et cherche une solution. Elle a commencé une tontine. - Antoinette veut épargner et elle pensait que la Maison des femmes proposait des solutions.
Nous ne proposons pas de solution d’épargne mais il ne serait pas forcément une mauvaise idée d’y réfléchir car le produit de l’épargne pourrait alimenter une petite caisse de secours pour soulager les femmes lors des nombreux incidents : accidents qui émaillent leur vie (grossesse, maladie, deuil, accident). Nous ne sommes pas autorisées à garder de l’argent pour des tiers, mais sommes à la recherche d’un partenaire qui partagerait nos valeurs et saurait répondre à cette attente et nous aider à organiser la Caisse de secours. - Odile a 45 ans et 4 enfants. Elle vient pour la première fois sur les conseils de Garmellite. Elle est épuisée et cherche vraiment une solution pour améliorer la vie de sa famille (et la sienne). Elle voudrait reprendre rapidement une activité.
Jos l’a inscrite sur la liste et lui a expliqué le fonctionnement de la formation. Odile n’a pas été beaucoup à l’école, et c’était il y a longtemps, mais elle a décidé de prendre son courage à deux mains pour recommencer, tout comme Garmellite l’a elle-même fait l’année dernière avec succès. - Patricia a 30 ans. Elle vivait dans le village de Mambou (Pool), encerclé par l’armée. Son activité consistait à brûler le bois et à en faire du charbon de bois. Elle était un des fournisseurs d’Eliane, une de nos premières bénéficiaires. Depuis que le Pool est encerclé, et qu’une loi interdit la vente de produits issus du Pool, elle a dû fuir avec sa famille et est obligée de tout recommencer à zéro.
Au vu de sa situation, Jos lui propose de rencontrer rapidement Françoise qui, connaissant bien les arcanes des aides sociales, pourra peut-être lui trouver une solution de dépannage immédiat. Elle s’est inscrite sur la liste de formation pour février 2017.
Elles sont nombreuses à venir à la Maison pour parler, chercher des solutions. Nous savons que le travail réalisé par la Maison des femmes est adapté et efficace, et qu’il faut se battre pour le déployer davantage.