Origine du projet de la Maison des Femmes de Bacongo

Françoise Batantou (à gaucge accroupie) et les femmes du groupe 8… Et un intrus à découvrir !
En 2019, nous fêterons nos 10 ans d’intervention à Brazzaville, en République du Congo. En effet, c’est en 2009 que nous avons commencé à intervenir en distribuant des microcrédits en partenariat avec l’Union Africaine des Femmes Managers (UAFM), auprès de femmes vendant du « coco » (herbe qui accompagne le poisson). Très vite, en analysant les retours des femmes, nous avons compris que le microcrédit seul n’était pas une solution pérenne pour des femmes en grande difficulté. La plupart d’entre elles, même lorsqu’elles obtenaient un financement, rencontraient de multiples problèmes dans la mise en œuvre de leurs activités de vente ou de service sur le marché, et ne parvenaient pas pérenniser leurs entreprises.

Pendant une formation, des femmes en train de regarder un documentaire sur l’engagement des femmes africaines dans d’autres pays
C’est ainsi que sont nés la Maison des femmes de Bacongo et son dispositif de professionnalisation pour les accompagner dans la gestion et le développement de leurs activités.
Nombre de femmes formées : 98 Nombre de bénéficiaires indirect(e)s par an : environ 1500
Cette action a démarré fin 2014 et depuis, nous avons eu le plaisir de mettre en oeuvre 8 sessions de formation de six mois, et de former 98 femmes (dont 12 sont encore en cours de formation).

Il est courant que des enfants en bas-âge accompagnent leur maman en formation.
Le nombre de bénéficiaires indirect(e)s est important car, aux membres de la famille des femmes formées (et notamment des enfants), – ce qui représente environ 500 personnes -, s’ajoutent toutes les femmes qui passent à la Maison des femmes de Bacongo pour demander des informations et parfois de l’aide (environ 1000 par an soit 5 femmes en moyenne par jour), et toutes celles qui participent aux différents événements organisés.
C’est ce grand nombre de femmes, qui a eu accès à la Maison des femmmes et a bénéficié de son accueil ou de son dispositif de professionnalisation, qui explique sa notoriété.
Mais notre notoriété est aussi le résultat du bon fonctionnement du dispositif mis en place.
Evaluation du fonctionnement de la Maison et du dispositif de formation
Aujourd’hui, la Maison des femmes de Bacongo fonctionne bien, et ce malgré lde nombreuses difficultés logistiques – coupure d’électricité, problème de connexion internet, de transport, …- et un climat politique parfois très tendu à Brazzaville.
Pour preuve…
- La présence des femmes aux sessions de formation est supérieure à 90% (92% pour le groupe 7).
- Il n’y a eu à ce jour aucun problème de remboursement.
- Nous ne faisons aucune publicité et avons une longue liste de demandes.
Principaux résultats des évaluations menées à la Maison des Femmes en 2017.
- 100% des femmes sont heureuses d’avoir participé à ces formations.
- La majorité a vu sa vie économique s’améliorer.
- Toutes ressortent de la formation armée de la volonté de se battre pour réaliser leurs projets à moyen et long terme.
- Certaines femmes arrivent à mettre en oeuvre leurs projets avant la fin de la formation : achat de parcelle, ouverture d’épicerie, développement du salon de coiffure, etc.
Un contenu de formation simple mais adapté

ILlustration du cahier de formation© FAFA/Mireille Mandelbrot
La Maison des femmes de Bacongo est aujourd’hui appréciée et recommandée par les participantes elles-mêmes. Cela s’explique par le fait que nous offrons depuis 5 ans une formation simple mais efficace à la gestion d’une activité de petit commerce, basée sur des études de cas pratiques.
Nous insistons notamment beaucoup sur la gestion de stock, et les dangers de la rupture de stock.
Le dispositif propose :
- 24 séances de formation distribuées sur 6 mois ;
- un suivi personnalisé opéré régulièrement auprès de chaque femme ;
- une aide financière apporté sous forme de prêt par la caisse de la communauté UAFM-FAFA.

Lors d’une visite à Mélanie sur le marché Total à Bacongo
Ajoutons à cela, la présence de notre équipe sur le terrain, l’attention portée aux problèmes des femmes pendant ces rencontres ou lors des formations, les aides ponctuelles apportées autour de conflits dont elles sont parfois victimes (conflits sur le marché, notamment pour l’obtention d’un emplacement), les très nombreux échanges d’expériences qui émaillent les différences séances de formation, le soutien apporté en cas de grave problème (santé, deuil) par cette petite communauté, tout cela fait que « la Maison des femmes, c’est différent ».
Reconnaissance et ancrage local de la Maison des Femmes de Bacongo
Radio Congo a invité l’équipe de Brazzaville à venir présenter son travail pendant 1 heure sur l’antenne en 2018.
Le professeur Gaston Nkouika, économiste spécialiste des problèmes des femmes en ruralité, est intéressé par le travail que l’équipe mène auprès des femmes, et participe régulièrement aux événements organisés à la Maison des femmes.
Enfin, cette année 2018 a vu l’arrivée de femmes venant de Madibou, un nouvel arrondissement au sud de Brazzaville, des femmes attirées par le bouche-à-oreille. Certaines ont suivi la formation. Elles ont été enthousiastes au point de se mobiliser pour demander à la fois au maire de l’arrondissement de Madibou et à l’UAFM-FAFA de créer une petite maison dans le marché de Madibou.
Le maire a donné son soutien à cette initiative et c’est pourquoi nous montons un nouveau projet « Une maison des femmes à Madibou ». A suivre.

Vendeuse de poisson sur le marché de Madibou