Avec la saison des pluies qui n’en finit pas, des installations à même le sol, il n’y a rien d’étonnant à ce que les pertes de marchandises soient très importantes sur le marché.
Ce sont des cagettes entières de tomates, d’ignames, de mangues et de beaucoup d’autres fruits et légumes qui sont jetés quotidiennement car ils sont pourris.
Pas de système de réfrigération, pas de solution pour se protéger de la pluie et de l’humidité, pas d’emballage qui respecte les marchandises, des rues et des trottoirs pleins de boues, voilà l’espace où s’installe la vie des vendeuses et vendeurs de Brazzaville en saison humide.
Ce ne sont pas seulement les légumes et les fruits qui souffrent de l’humidité et sont détruits, mais plus ou moins toutes les marchandises. Des vêtements que les femmes étendent sur un drap ou suspendent à une barre sont très vite mouillés par une pluie violente et toujours impromptue en région tropicale. Rangés rapidement tout humides dans de grands sacs en plastique, ils ressortent souvent dans des états lamentables, nécessitant au mieux un repassage, au pire doivent être jetés. Parfois un vêtement déteint sur d’autres et la série noire continue.
La liste est longue des produits jetés sur les marchés de Brazzaville ou Bacongo, notamment pendant la période des pluies, car les moyens pour se protéger de la pluie sont précaires ou inexistants.
Le parapluie reste l’outil le plus utilisé, mais il ne protège en rien les marchandises.
Et ce sont des tonnes de marchandises qui disparaissent ainsi, représentant souvent une perte économique importante et très préjudiciable pour les femmes qui la subissent. Et c’est, sans aucun doute, aussi une perte pour l’économie du pays.
Mais à Brazzaville, il n’y a ni installation imperméable au dessus des tables pour les protéger de la pluie – pas plus qu’il n’y a de protection pour le soleil en saison séche -, il n’y a pas de fourgonnettes pour transporter les marchandises (ce sont des brouetteurs qui en sont chargés). Les dépôts réfrigérés sont très rares.
Des modes de stockage et de préservation précaires
Lors de l’animation organisée le 14 novembre à la Maison de Bacongo qui avait pour thématique « comment éviter les pertes », quelques femmes ont fait part de leur expérience.
Une femme qui vend des aubergines
» A la fin de la journée et qu’il y a un reste de mon stock d’aubergines, j’achète un sac en plastique, je trie ce qui est encore vert et j’introduis les aubergines vertes dans le sac. Je les garde ainsi un jour seulement. Le lendemain, je dois tout vendre. Si elles passent une nouvelle nuit, le surlendemain elles vont se détériorer et devenir toutes rouges. «
Une femme qui vend des oignons
» Lorsqu’on arrive sur le marché, si vous vous baladez, vous verrez des oignons pourris partout. Pour minimiser les risques, il faut acheter des filets d’oignons bien secs. Pour que ça ne pourrisse pas vite, il faut éviter qu’ils se mouillent depuis le jardin. Si vous voulez conserver les oignons longtemps, il faut les choisir vraiment secs.
Chaque matin, en arrivant, il faut séparer les oignons qui pourrissent à ceux qui sont encore en bon état sinon, vous risquez de tout perdre dans la journée. Il est très difficile de conserver des oignons ici à Brazzaville. La conservation dans un dépôt dépend vraiment de la qualité choisie. «
Une autre femme explique que les dépôts – souvent recouverts de tôle ondulée – sont étouffants de chaleur et d’humidité, ce qui fait pourrir les marchandises encore plus vite. La première femme l’explique bien : on ne conserve pas une aubergine plus d’une nuit.
Des modes de conservation inexistants
A Brazzaville, on ne trouve pas de confits de tomates ou de confitures de mangues. Cela n’existe pas tout simplement. La transformation des produits n’est pas une pratique courante. Elle permettrait pourtant de sauver des quantités de marchandises.
C’est sans doute une idée à creuser, notamment pour limiter les pertes si importantes de légumes et de fruits frais.
Il y a aussi à construire des dépôts réfrigérés – une solution simple à la perte de marchandise – mais il faut bien évidemment s’assurer qu’ils soient dotés de solides générateurs car les coupures d’électricité sont très courantes et peuvent durer des jours. Il faudrait aussi ouvrir une école de la conservation, une petite unité dans laquelle on apprendrait les bases de la conservation.
Beaucoup de projets en perspective.