Mars 2018 – La vie de Jos au jour le jour

Jos arrive à la Maison de Bacongo tous les matins vers 10 heures. Il en repart vers 17h.

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En cette saison, l’orage gronde souvent et parfois la pluie est si forte qu’elle envahit la Maison. Les routes sont détrempées, les taxis avancent très mal, et les bus surchargés s’embourbent. L’électricité manque presque tous les jours et il est fréquent de rentrer chez soi dans le noir. Telle est la vie à Brazzaville en mars 2018.

Et pourtant Jos ne s’ennuie jamais. A longueur de journée, seul ou en compagnie de Clara, il reçoit des femmes, et parfois des hommes, qui viennent chercher un renseignement, un conseil, une opportunité, ou viennent simplement parler.

 


Ce lundi matin 13 mars, Jos ne s’est pas ennuyé. Il a reçu plusieurs personnes. 


 

La première, Rosalie, une femme de 40 ans environ, vend de la layette. Disons plutôt qu’elle survit en vendant des vêtements pour enfants. Son activité ne va pas fort. Ce lundi, précisément, elle en a assez. Elle voudrait tant que quelque chose se passe qui améliore sa vie. Alors elle est passée, une fois de plus, pour savoir si elle pourrait faire partie des femmes qui suivront la prochaine formation. Elle est inscrite et attend.

Il y a aussi Géraldine, 27 ans. Elle n’a pas d’activité. Elle n’en peut plus de dépendre des uns et des autres, notamment de sa famille. Elle veut un microcrédit et commencer une activité, même si elle est inquiète car le marché ne fonctionne pas bien. Alors, elle est venue à la Maison des femmes et a demandé à être inscrite à la prochaine session.

Et puis Louisette. Elle a 36 ans et beaucoup d’enfants (5). Elle veut aider son mari en vendant des pains sur la grande avenue de l’Oua, toute proche du marché Total.  Elle est venue voir si elle pouvait avoir un petit crédit et s’inscrire à la formation.  Elle a eu l’adresse de FAFA par une policière qui était venue se renseigner pour elle-même, car, à Brazzaville, être fonctionnaire ne veut pas dire être payée. A ce jour, c’est plus de six mois de retard de paiement pour beaucoup de fonctionnaires.
Pour Louisette, Jos ne sait quoi dire. La liste d’attente est déjà longue.

Voilà maintenant Gabriele, qui a un peu plus de 40 ans. En 2016, elle vendait des légumes au marché de Mpissa Mais le 4 avril de cette même année, un jour de violents troubles politiques, elle a tout perdu, disons qu’on lui a tout pris. Depuis elle survit faute d’argent pour se relancer. Elle veut absolument suivre la formation, elle veut vraiment un coup de pouce, elle n’en peut plus avec tous ses enfants à la Maison.

Un jeune garçon, André, qui n’a pas plus 17 ans passe, un jeune homme qui vend des produits divers à la sauvette. Il a entendu parler de FAFA et il est venu. Oui il sait que la Maison de Bacongo s’occupe plutôt de femmes, mais il essaie, on ne sait jamais.  Jos lui dit que la Maison des femmes n’a pas de solution à lui proposer. André dit qu’il comprend mais Jos est songeur. Pourquoi finalement ce jeune type n’a-t-il pas droit lui aussi à un peu d’aide ? Il nous en parlera.

D’autres encore sont passées, comme Blanche qui se renseigne pour sa soeur qui n’ose pas encore venir.  Le mari de cette dernière a réfléchi et il accepte l’idée que son épouse puisse avoir une activité qui lui permettra, quand lui-même part en mission de service, de s’assumer sur « certains points » : il a parlé de la santé, des vêtements des enfants. Pour le moment. Chacun avance à son rythme.

 

Tous les problèmes de Brazzaville sont là, sous les yeux de Jos, qui se sent souvent démuni. Car il sait bien que la Maison des femmes est petite et que nous ne pourrons pas donner une chance à toutes les femmes qui passent.

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